Modèle paysan vs. modèle industriel

Le modèle paysan est caractérisé par l’activité des personnes attachées à un pays (région) sur lequel ils organisent le travail de la terre, mais également par une certaine autonomie alimentaire garantie à ceux participant à une petite paysannerie manuelle, résiliente, avec un minimum d’intrants extérieurs, enrichissante du sol et de biodiversité locale, faisant travailler de vrais acteurs locaux et dont la production est revendue le plus localement possible. Le paysan cultive des produits haut de gamme car de haute valeur nutritionnelle, gustative et symbolique dont il est d’ailleurs le premier consommateur avant d’en revendre le surplus.

Au-delà d’un label bio qui finalement ne garantit que la santé du consommateur individuel final sans se préoccuper des conséquences environnementales et socio-économiques d’un certain mondialisme industriel jamais remis en question, le modèle paysan constitue une révolution environnementale, psychique, sociale, économique, politique et éthique en proposant une véritable émancipation post-moderne dans le rapport qu’entretient l’humanité avec le vivant.

Transmettre une apiculture paysanne

J’encourage la pratique d’une apiculture paysanne, c'est-à-dire la conduite de petits ruchers familiaux (2 à 5 ruches), sanitairement et sérieusement suivis, à quiconque veut installer des ruches sur un terrain adapté aux abeilles et dont il a l’autorisation d’utiliser. Chacun doit pouvoir participer à l’équilibre de son environnement (sauvage et humain) en favorisant la biodiversité, en se nourrissant de sa propre production et en s'entraînant par là à voir au-delà de la vision individuelle par la conscience de l’unicité fondamentale du vivant qu’on ne pourra essayer d’optimiser qu’avec beaucoup de patience et d’humilité.

Par ses fondements et ses objectifs même, le modèle paysan aura tendance à sélectionner les espèces à cultiver en fonction de leur rusticité et de leur résilience plutôt que de leur productivité potentiellement artificialisable. Souvent le paysan doit accepter des rendements bien plus faibles mais de bien meilleure qualité et finalement bien moins coûteux (en terme d’impact total réel) que ceux de l’agriculture industrielle. En apiculture, la confusion entre domestication et apprivoisement de l’abeille a amené l’homme moderne à sélectionner des races toujours plus productives et plus douces sans considération pour leur adéquation avec leur environnement, ce qui explique en partie leur fragilité actuelle. Ces abeilles sont non seulement pas adaptés à leur environnement et à ses dangers (parasites, frelons asiatiques, etc…) mais inadaptables car incapable d’hériter de leurs ainées locales.